C’est l’histoire d’une étoffe noble qui traverse les âges.
Né dans le Cachemire, à l’ouest de la Chine, où il portait le nom de « Duvet de cygne », le velours s’est rapidement propagé en Perse, voisine du Cachemire. C’est de là que les italiens ont rapporté, suite à de longs voyages, le velours et sa technique de fabrication.
Au XIVème siècle, après avoir développé cette technique de tissage complexe et hors de prix, de nombreuses villes italiennes proposaient des étoffes de velours, recherchées dans tout l’occident pour leur qualité et leur douceur. Le velours était, au Moyen-âge, tissé à partir de fils de soie, ayant pour résultat un tissu d’une beauté à couper le souffle, brillant, reflétant la lumière en apportant des nuances jamais vues aux couleurs des vêtements de l’époque.
La fabrication coûteuse du velours, le savoir-faire et la lenteur de son tissage ainsi que la cherté de ses matériaux en font l’étoffe la plus recherchée et la plus luxueuse de la fin du Moyen- âge et de la Renaissance. Il sera réservé à une élite de nobles et riches personnes à cause de son prix exorbitant. Il était souvent brodé d’or et d’argent pour l’agrémenter.
On ne commencera à tisser le velours en France qu’à partir de la fin du XIVème – début XVème siècle à Tours et surtout à Lyon, qui devint le pôle principal de veloutiers français (Veloutier = fabricant de velours).
Depuis longtemps Lyon était un pôle important dans le commerce de soie : en 1450, Charles VII accorde à cette ville le monopole de la vente des étoffes de soie importées pour tout le Royaume (ce qui explique que la fabrication du velours français ait pris place dans cette ville en particulier).
Plus tard, sous l’impulsion de François 1er et l’arrivée à Lyon des piémontais Etienne Turchetti et Barthélemy Nariz qui montèrent vingt métiers de tissage grâce au soutien financier du roi et à des exonérations en tous genres (notamment d’impôts), Lyon devint la capitale de la soie dans le Royaume de France. En l’espace de vingt ans, de nombreux tisseurs ont afflué à Lyon, employant plus de 12 000 personnes.
Evidemment, comme la soie était la matière utilisée initialement pour fabriquer le velours, Lyon devint encore plus importante dans l’industrie du velours. Toute une filière textile naquit autour de la soie et du velours dans le lyonnais, première impulsion conduisant à la tradition textile toujours présente dans la région.
Sous le règne de Napoléon la ville sera considérée comme capitale mondiale de la soie, l’industrie exportatrice française la plus puissante. Cette industrie s’effondrera dans les années 30, et est aujourd’hui réduite à une activité destinée à la haute couture et à la restauration de tissus anciens.
La fabrication du velours
Les armures de tissus classiques
Le tissage d’une étoffe dépend d’un schéma d’entrecroisement des fils entre eux qu’on appelle « l’armure ». Il y a trois armures de bases qui régissent le tissage depuis des siècles :
Tissage toile
Tissage sergé
Tissage natté
De ces trois armures découlent nombre de possibilités de tissage car elles peuvent toutes être dérivées, fournissant des textiles aux apparences très différentes en fonction de la matière, des fils, du nombre de fils, de leur grosseur, couleurs etc.
L’armure du velours
Le velours quand à lui, est une armure « complexe ». Il se compose d’une armure simple (qui constitue sa structure de base), dans laquelle est pris un fil supplémentaire, appelé « fil poil ». Ce fil poil, placé dans le sens de chaîne ou de trame selon le type de velours souhaité, forme des boucles qui sont ensuite coupées ou rasées, ce qui donnent son aspect velouté au tissu.
Pour pouvoir tisser du velours il a fallu repenser le tissage différemment au XIVème siècle et adapter une nouvelle technique : la technique du fer. Il s’agit d’une baguette de métal fine qui dispose d’une fine rainure, elle est insérée dans le tissage formant les lignes de boucles. Ensuite le veloutier passe une lame affûtée pour couper les boucles en laissant la lame glisser le long de la rainure. Une technique complexe, délicate et très longue à réaliser.
Sur ce principe on a pu, là aussi, dériver la technique, permettant d’obtenir un grand nombre de velours différents : avec ou sans côtes, des côtes plus ou moins larges, créer des motifs en velours incorporés à un tissus lisse etc.
Du luxe au vêtement de travail
Avec les révolutions industrielles et les nouvelles technologies, l’industrie du textile s’est diversifiée et on a pu améliorer les procédés de fabrication. Mais le velours est toujours resté un des tissus les plus complexes à tisser.
Il est toujours utilisé dans la haute couture et pour des produits luxueux, mais on le trouve aussi dans toutes les enseignes de prêt-à-porter depuis des années, dans des qualités plus ou moins bonnes, et dans de multiples formes : en pantalons, vestes, chemises ou même en décoration intérieure.
Pour Largeot & Coltin le velours est un atout, et même une nécessité. Les largeots et les vareuses, les gilets et les casquettes sont réalisés depuis des décennies dans cette matière noble. Nos fabricants, que ça soit FHB, Lafont ou Le Laboureur, se doivent de confectionner leurs vêtements de travail dans les meilleurs velours qui existent, afin que nous puissions vous proposer les vêtements de travail les plus solides et durables possibles.