Comme vous le savez, les Jeux olympiques et paralympiques 2024 se déroulent dans notre belle capitale : Paris ! Pour être à la hauteur de cet évènement, la Tour Eiffel se refait une beauté. Depuis début 2019, la 20e campagne de repeinte a commencé et de nombreux peintres sont à l’œuvre pour rendre son éclat à la Tour Eiffel.
Une remise en beauté pour la dame de fer
Ces derniers temps, j’ai été au centre de l’attention de nombreux médias et ma vie n’a pas été de tout repos, on m’en a fait voir de toutes les couleurs… D’ailleurs depuis 1968 je n’avais pas revêtu d’autre couleur que ce brun « Tour Eiffel », certes il me colle parfaitement à la peau mais il était temps d’un peu de changement pour scintiller lors des JO de 2024. Si vous voulez connaître tous mes secrets pour être toujours aussi belle à 133 ans, je vous invite à lire la suite.
Ma crème de jour
Tous les 7 ans, 50 funambules en herbe appliquent sur ma peau de fer une crème de jour plus communément appelée peinture et on peut le dire il en faut beaucoup pour être belle…
La décision de réaliser les campagnes de peinture tous les 7 ans a été prise par Gustave Eiffel lui-même, qui disait dans son livre « La Tour de 300 mètres« , sorti en 1900 : « On ne saurait trop se pénétrer du principe que la peinture est l’élément essentiel de la conservation d’un ouvrage métallique et que les soins qui y sont apportés sont la seule garantie de sa durée« .
Il ne faut pas moins de 60 tonnes de peinture pour me repeindre entièrement, il faut dire tout de même que ma surface fait 250 000 m². Comme je suis exigeante, je ne suis peinte qu’avec une couleur réalisée spécialement pour moi, appelée le « brun Tour Eiffel ». Cette couleur semblable au bronze s’accorde parfaitement dans le paysage parisien, elle a été choisie en 1968. Auparavant, ma couleur avait plusieurs fois changé.
Lors de mon inauguration elle était rouge Venise, (dommage pour vous que la photo couleur n’existait pas à l’époque) ensuite mes couleurs ont été ocre brun en 1892, Jaune orange, décliné en 5 teintes en 1899, puis jaune brun de 1907 à 1947 et enfin rouge-brun de 1954 à 1961 avant d’adopter le brun Tour Eiffel en 1968, encore utilisé de nos jours.
Comble de la coquetterie, je ne suis pas peinte que d’une couleur, afin d’assurer une perception uniforme de ma teinte dans le ciel de Paris et d’accentuer l’aspect élancée de mon architecture, ma couleur, le brun Tour Eiffel est déclinée en 3 tonalités. Ainsi le brun est plus clair en haut qu’en bas.
Le 20ème rendez-vous depuis mon existence a débuté fin 2019 et est encore en cours actuellement. Cette campagne s’avère être exceptionnelle puisque je change de couleur, pas de « Brun Tour Eiffel » cette année mais un retour au jaune-brun, une couleur que j’avais déjà porté en 1907 et qui m’allait d’ailleurs très bien au teint. Initialement prévu pour briller lors des Jeux-Olympiques 2024, les travaux ont malheureusement pris du retard et je ne serais que partiellement repeinte pour le début des jeux. Si tout se déroule comme prévu, les travaux devraient prendre fin d’ici 2026. Spécialement pour les Jeux Olympiques mon slogan est » Made for Sharing », en effet je représente le symbole Français et lors de cet évènement j’aurai l’occasion de briller devant des milliers de spectateurs venus du monde entier.
Pour la première fois on a décapé, c’est-à-dire que l’on a enlevé les 19 couches de peintures qui avaient été appliquées pour repartir de zéro et mettre une nouvelle couche. Cependant ce décapage a révélé bien des surprises, puisque des traces de plomb ont été découvertes dans les anciennes couches de peinture, les travaux ont donc été suspendus pendant 8 mois. À cause de cet incident, l’addition pour cette mise en beauté s’est avérée salée, passant de 32 à 84 millions d’euros, soit la campagne la plus chère depuis le début de l’opération.
Chaque campagne peut durer de 1 an et demi jusqu’à 3 ans selon l’envergure des travaux, mais comme j’aime vous voir, je ne ferme pas au public durant ces périodes, ce qui offre un spectacle extraordinaire, le balais des peintres acrobates.
La repeinte de la Tour Eiffel
Entre chaque campagne de peinture, on estime à 15 tonnes environ le poids de peinture érodée. Le travail confié aux peintres est tout d’abord de rechercher les zones les plus corrodées (en général environ 5% de la surface totale des structures) et de les mettre à nu afin d’appliquer une couche primaire d’antirouille. Par la suite, une seconde couche d’antirouille sera appliquée, puis enfin la couche de peinture de finition sera apposée.
Pour les parties les moins abîmées par le temps, un simple nettoyage vapeur par haute pression est effectué. Le traitement de défauts d’aspect ou le débouchage des trous d’écoulement sont réalisés, enfin deux couches de peinture sont appliquées.
Des experts en peinture anticorrosion sont chargés d’aller contrôler régulièrement sur le site y compris dans les espaces difficilement accessibles, la qualité du travail effectué. Telle une princesse, j’exige que ce travail soit fait de façon traditionnelle, comme à l’époque de Gustave Eiffel. Les peintres appliquent la peinture manuellement, tous les travaux « à distance » sont formellement interdits.
La sécurité est une priorité
Ils perpétuent la tradition, ils sont les garants de ma longévité… Pendant plus d’un an, 50 peintres, tous spécialistes de travaux sur charpente métallique en hauteur et sur pylônes, parfaitement insensibles au vertige, arpentent ma structure dans tous les recoins pour assurer une parfaite pérennité du monument que je suis devenu.
Les équipements
Pour réaliser une seule campagne de peinture, il faut pas moins de 1 500 brosses, 1 500 combinaisons de travail, 5 000 disques abrasifs, 1 000 « riflards » (spatules à gratter) et 1 000 paires de gants en cuir.
Pour cette campagne de repeinte particulière, les peintres sont également équipés de masques filtrants en raison de l’importante quantité de plomb libérée durant le décapage des 19 couches de peinture.
La sécurité
Les peintres assurent ma survie, je me dois d’assurer la leur. Au préalable de leur passage, une société spécialisée dans les travaux sur édifices de grande hauteur, pose deux hectares de filets de protection ainsi qu’une cinquantaine de kilomètres de lignes de vie (cordes de sécurité).
Les filets de protection ont à la fois pour rôle de sécuriser les zones de travail d’éventuelles chutes d’objets et de récupérer les écailles de peinture. En 2009, pour la première fois ils étaient équipés d’un système « anti-gouttes ».
Enfin les peintres sont équipés de harnais pour travailler sur les poutrelles de la Tour Eiffel et se déplacent en ayant toujours un point d’attache sur la tour, grâce aux lignes de survies précédemment installées.
N’étant pas fermée au public lors de ces campagnes, afin d’éviter tout risque de chute d’objets qui pourrait avoir de lourdes conséquences, les peintres travaillent avec leurs outils y compris les pots et les brosses attachés à la ceinture ou au poignet.
Chers lecteurs, je vous donne rendez-vous en 2024, lors des Jeux Olympiques pour me contempler et admirer la beauté du travail réalisé par l’ensemble des artisans mobilisés pour faire de moi le centre du monde, le temps d’un instant.