Jean ou Denim : Quelle différence ?
Pour savoir vraiment ce que sont le denim et le jean, il faut savoir les distinguer. Dans l’esprit de tout un chacun, le jean et le denim c’est la même chose, et on utilise ces mots comme des synonymes. Or, il s’agit de tissus distincts initialement, et notamment de deux histoires.
De Gênes et de Nîmes
Le mot denim vient de la contraction de « Sergé de Nîmes », Sergé étant le nom donné à ce type de tissage, et Nîmes, la ville où est née cette matière. Quand au mot « jean », il s’agit là aussi d’une contraction : De Gênes. La marine de Gênes utilisait ce tissus sergé pour faire des voiles de bateaux, des toiles de tentes ou des habits de marins dès le XVIème siècle. Avec le temps, ce tissus de Gênes s’est répandu, les mots déformés par l’accent anglais notamment (Gênois, Genoese en anglais, prononcé « Djino-iz ») ont donné « jean ».
La poule ou l’oeuf
La paternité de cette matière, le sergé très robuste est gênoise. Dans la ville de Nîmes, on a cherché plus tard à copier le Sergé de Gênes (composé de coton et de lin mélangés). Gênes l’a exporté à travers toute l’Europe et s’est hissée au sommet du commerce maritime grâce à ce fameux jean.Le denim, lui, a été créé avec des fibres de laine et de soie mélangées, bien loin du 100% coton que l’on connaît aujourd’hui. Après de nombreux échecs pour égaler le sergé gênois, Nîmes a fini par créer un tissus proche mais beaucoup plus doux et adapté à la confection de vêtement que celui de Gênes. Cette étoffe était bon marché et résistante, alors la ville de Nîmes a commencé à produire et vendre beaucoup de denim écru et devint la 3ème plus grosse ville française après Paris et Lyon entre le XVIII et XIXème siècle en partie grâce à ce tissu.
Sur ce point les deux étoffes se ressemblent aussi, elles ont permis aux villes qui les ont tissées de prospérer et de grandir de façon considérable.
Le jeu des 7 différences
Pas sûre d’en trouver sept tellement les deux tissus se ressembles. Là où les deux étoffes se distinguent c’est par leurs procédés de fabrication. Aujourd’hui, il n’est plus question, dans la composition du jean ou du denim de soie, de lin ou de laine. Le coton et le polyester priment largement. Tout d’abord, il faut savoir qu’aucune des deux matières n’est née bleue. Initialement elles étaient de couleur écrue et le sont restées très longtemps, jusqu’au jour où l’on a décidé d’en faire des vêtements de travail.
Comme nous le disions précédement, le denim à l’époque était une matière plus douce et plus souple que le jean, elle était donc plus adapté à la confection de vêtements que ne pouvait l’être le jean, c’est pourquoi ce tissus de Nimes a commencé à être utilisé pour fabriquer des vêtements de travail de paysans et de bergers. Pour éviter de salir trop facilement ces vêtements, on leur a donné une couleur foncée, beaucoup moins salissante que l’écru et une teinte qui coûte le moins cher possible afin de pouvoir la produire en quantité.
Une couleur à part
La couleur originelle du denim est l’indigo, à partir du XVIIème siècle, les empires coloniaux ont cultivé l’indigotier, une plante qui pousse en Inde et en Asie du sud-ouest. On extrait des feuilles de cette plante un pigment de couleur bleu inimitable. Obtenu grâce aux populations autochtones, et cultivé en grande quantité, il ne coûtait pas cher à produire et a été utilisé pour teindre le denim, entre autres.
Un aspect typique
Deux techniques de teintures existent. À Gênes, lorsque les usines se sont misent à produire une toile pour confectionner des vêtements de travail, on tissait le sergé en écru, puis on le plongeait dans un bain indigo, technique qui donne un tissu entièrement bleu, côté pile et côté face. Le fil est teinté à coeur, c’est à dire qu’il ne décolore pas de la même façon que le denim, mais il est tissé selon la même armure.Alors que la concurrence se durcie sur le marché du sergé denim, à Nimes on élabor une technique pour limiter le coût de l’étoffe, tout en conservant l’aspect bleu indigo de la toile. Pour cela, on tisse 50% du tissu avec un fil teinté de bleu indigo et 50% du tissu avec le fil écru originel.
Pour obtenir l’aspect bleu indigo recherché, l’astuce consiste à tisser avec les fils bleus dans le sens de la longueur (chaîne) et avec les fils écrus dans le sens de la largeur (trame). Le résultat de ces deux teintes de fils est un tissus sur lequel apparaît un tout petit motif oblique très régulier. C’est lié à l’armure, c’est à dire, la façon dont sont entrecroisés les fils, technique de tissage nommée sergé.
La technique qui permet de réaliser une toile denim, est très reconnaissable dès lors que vous retournez l’étoffe. Effectivement si le verso est blanc, auscun doute, vous portez une toile denim, la mode s’est d’ailleurs emparé de nombreuses fois de cet effet double face. Le fil bleu reste à la surface du denim, tandis que le fil écru reste à l’intérieur, laissant apparaître de petites lignes obliques caractéristiques du denim. C’est la raison pour laquelle les fils des pantalons en denim sont de couleurs différentes quand il est déchiré (photo). Le fil bleu du denim, le fil de chaîne, est teinté seulement en surface, c’est à dire que l’intérieur du fil reste blanc ou écru, ce qui explique la propension du denim à se décolorer vers un bleu clair à l’abrasion.
Il s’agit sans doute de denim
Pour la petite anecdote, le denim, en pleine expansion dans la confection de vêtement de travail a été transporté de Nimes à Gênes pour y être teinté de bleu indigo. Pourquoi ? Gênes devait certainement disposer de plus grandes capacités que les villes françaises, étant un pôle plus avancé dans l’industrie textile que ne l’était Nîme.
C’est ici que fusionnent les deux matières et c’est à partir de ce moment que l’on a commencé à nommer sans distinction le denim et le jean pour parler du même tissu.
De nos jours, on ne fait plus de différences entre les deux matières. Les pantalons bleus qu’on trouve en magasin actuellement portent le nom de jean ou de denim sans se référer aux histoires ou procédés de fabrication
Grâce aux avancées technologiques, on peut maintenant fabriquer un pantalon pour lequel on utilise un sergé non-teint, dont les fils de chaîne sont en coton et les fils de trame en polyester. On plonge directement le pantalon fini dans une cuve de colorant, les fils de coton et les fils de polyester ne supportant pas les mêmes types de colorants, on peut choisir de ne teindre que le coton ou bien que le polyester. Les fils de coton ressortiront bleus et ceux de polyester blanc.
Ruée vers l’or, l’âge d’or du Jean – Denim
Les années 1850 sont témoins d’une partie de l’histoire, celle de la conquête de l’ouest américain. Il est l’heure de la révolution industrielle en amérique, le sol, riche de métaux, de charbon et d’or, pousse à la création de nombreuses mines, usines et ateliers. On a besoin de main d’oeuvre, pour créer et développer le réseau ferroviaire d’Est en Ouest, le rêve américain à son apogée.
Le premier pantalon en denim, le premier « Blue jean’s », est né à Reno, dans le Nevada en 1873. Lors de la ruée vers l’or, Levi Strauss, marchand de tissus et de vêtements sillonne le pays pour faire affaires et transporte avec lui de grandes quantités de denim qu’il vend pour tous les usages, et entre autre, pour fabriquer des toiles de tentes.
Naissance de l’icône
Jacob Davis, un client de Levi Strauss lui achète du denim et taille un pantalon renforcé par des rivets, destiné au mari bûcheron d’une de ses clientes. L’idée de Davis de riveter les poches et les parties sensibles à la déchirure de son pantalon est une innovation majeure, un gage de solidité et de durabilité. Cette technique appliquée à un pantalon en Denim, matière très résistante est un tel succès chez les bûcherons, les mineurs et autres orpailleurs, que Davis demande à Levi Strauss de l’aider financièrement à déposer le brevet du Jean’s. Ainsi est né le pantalon iconique et toujours le plus porté des vêtements aujourd’hui, 166 ans plus tard.
La recette a évolué, tant celle de la matière que celle du pantalon, mais initialement, Davis et Strauss ont conçu le plus solide pantalon jamais porté. Bien que les jean’s d’aujourd’hui soient toujours costauds, le blue Jean tel qu’ils l’ont créé n’existe plus vraiment. La technique de rivetage, elle est encore usitée, et surtout dans le vêtement de travail pour son efficacité inégalée.
Récap’ chronologique :
1 – Fin XVIIème siècle : Création d’une matière textile à Gênes (Jean)
2 – Tentatives de copier cette matière à Nîmes -> échecs
3 – Création d’une autre matière très proche de celle de Gênes, mais plus adapté à la confection de vêtements (Denim)
4 – Création de vêtements écru salissants
5 – Denim envoyé à Gênes pour y être teint en bleu indigo
6 – Fin XVIIIème siècle: Vente de Denim bleu tout autour du monde pour réaliser des vêtements, toiles de tentes et autres
7 – 1872 – Invention du rivetage par Jacob Davis
8 – Rivetage d’un pantalon fabriqué sur-mesure en denim pour un bûcheron -> succès
9 – 1873 – Davis et Levi Strauss déposent la technique et inventent le Blue Jean’s, commercialisé par Levi Strauss & Co.
Note utile : Le nom « Levi’s » est le nom commercial de l’entreprise « Levi Strauss & Co », qui vient directement du nom du créateur Levi Strauss. Avant la création du premier Blue Jean, la marque existait déjà et était spécialisée dans le commerce de quincaillerie, de gros et de détail, initialement basée à New York.
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Intéressant résumé, personnellement porteur de kilts, je possède parmi les miens un utility kilt en denim avec poches de côté. Robuste et facile d’entretien, je le porte souvent pour travailler en alternance avec d’autres kilts utilitaires. Ce kilt en denim, je pense que je le garderais à vie.