Pour les archéologues, la hache représente un tournant dans l’Histoire, ainsi qu’un vecteur de changements sociaux et sociétaux majeurs. C’est en partie grâce à la hache que les historiens et archéologues ont pu déterminer les époques préhistoriques avec beaucoup plus de justesse entre le 17e et le 19e siècle et notamment apporter des preuves de l’existence même d’une préhistoire, inconnue jusque-là, et celle d’hommes plus anciens que les croyances bibliques le suggéraient.
L’apparition de la hache
Grâce à la découverte, sur les mêmes sites de fouilles, de lames de haches en pierre taillée antérieures à des lames de haches en pierre polie, les historiens ont réussi à distinguer l’âge de la pierre taillée (Paléolithique), de l’âge de la pierre polie (Néolithique).
Les hommes préhistoriques commencent à élaborer des outils polis et affûtés de plus en plus efficaces et tranchants, qui permettent aux populations de passer de simples chasseurs-cueilleurs, nomades qui s’adaptaient à leur environnement, à des populations capables de défricher, d’éclaircir les parcelles fertiles, pour devenir des peuples sédentaires, cultivateurs et éleveurs.
L’homme du néolithique, grâce au perfectionnement de ses outils polis, comme la hache, a donc pu domestiquer et adapter le monde qui l’entourait.
L’évolution de la hache
Le néolithique et la sédentarisation conduisent l’homme à construire plus d’infrastructures, des clôtures pour les élevages, des espaces de stockage pour les récoltes et des habitations élaborées sous formes de hameaux et de villages.
Dans ces activités aussi bien que dans le défrichage, la hache de pierre polie joue un rôle majeur, elle joue même, selon l’historien François Bon, un rôle social et ostentatoire.
L’homme passe de créature qui s’adapte à son habitat, à celle qui domestique la nature et les animaux pour devenir le mode de société d’Homme occupant une place centrale dans le monde qui mène à l’Antiquité puis à la société moderne.
Le temps et les améliorations de son industrie lithique (industrie de la pierre) permettent à l’Homme de créer des outils toujours plus adéquats à ses activités.
De la hache de pierre à la hache en métal
L’âge du cuivre (Chalcolithique) chevauche la fin du néolithique (l’âge de pierre). Durant cette période de la fin de la préhistoire, l’Homme commence à maîtriser la métallurgie du cuivre. Il crée alors des perles d’apparat, ou des outils : haches et couteaux aux lames de cuivre. À l’heure actuelle, la plus ancienne hache de métal au monde est celle d’une momie retrouvée en Suisse en 1991, un homme préhistorique de 5000 ans qui à été surnommé Ötzi par les chercheurs.
Ces haches en cuivre sont fabriquées selon les mêmes procédés et dans les mêmes formes que celle que l’homme utilisait pour les outils en pierre.
On retrouve peu de haches et d’outils en cuivre par rapport aux outils en pierre (possibilité de les refondre et de les transformer lorsqu’elles sont abîmées) mais il s’agit bien de la toute première industrie métallurgique à voir le jour à la fin du néolithique et donnant naissance à l’âge de bronze au début du IIIe millénaire av. J.-C. en mer Égée, et à la fin de ce même millénaire en Europe de l’Ouest. Il englobe, en Europe, la totalité du IIe millénaire av. J.-C., et s’achève vers 800 av. J.-C. quand commence l’âge du fer.
La hache à l’âge de Bronze
Ces deux âges prennent place dans l’Antiquité et progressent à mesure que les civilisations humaines voient le jour et grandissent.
D’abord avec la première civilisation humaine, les Sumériens en Mésopotamie, puis la civilisation Harappéenne, l’Egypte antique ou la civilisation Minoenne, ce » Croissant fertile « , entre la mer Égée, le Golfe Persique et la Mer Rouge devient le bassin dans lequel va se développer l’âge de Bronze qui va se répandre en Orient et en Occident où de plus en plus de civilisations s’organisent sous forme d’États.
Les conflits entre les États prennent des proportions de guerres et d’invasion des pays voisins à grande échelle dans lesquels on utilise le métal pour forger des armes en quantité dans le but de construire des empires et de prendre l’ascendant sur ses voisins.
La hache n’est plus alors qu’un outil avec lequel on maîtrise la nature pour en faire des champs cultivables comme dans la préhistoire, mais devient, dans l’antiquité, une arme de guerre.
Un symbole mythologique
Dans les cultures et civilisations antiques, la hache revêt souvent une symbolique forte, pour les Hittites, elle est l’apanage du dieu de l’orage, elle est associée à la pluie et à la fertilité des terres.
Pour beaucoup de civilisations, elle représente aussi le renouveau, la résurrection ou la naissance. Dans la mythologie grec, le dieu forgeron Héphaïstos donne naissance à Athéna, déesse de la Guerre et de la Sagesse, à l’aide d’une hache, en la libérant du cerveau de son père Zeus. C’est aussi un symbole de force et de pouvoir, attribué plus généralement aux rois, dieux et guerriers.
La double hache a été l’objet d’un véritable culte en Crète au cours de l’ère minoenne. On en trouve dans les tombes, et, en abondance dans les grottes sacrées. Elles sont immenses, ou minuscules, en cuivre, argent, ou or.
La hache comme arme de guerre
La hache utilisée comme arme de guerre a connu son âge d’or durant les raids et conquêtes Vikings, qui utilisaient notamment de grandes haches maniées à deux mains.
Pour les Francs, elle s’appelait Francisque et était une petite hache (entre 200 et 1300g) qu’on utilisait du Ve au VIIIe siècle après JC en la lançant à une portée de 10 ou 12 mètres.
La hache d’armes est l’une des dernières évolutions de la hache en tant qu’arme de guerre. C’est une arme d’hast conçue pour le chevalier à pied ou le piéton armuré qui combat contre un adversaire également armuré. Elle était plutôt sélective car très peu de soldats l’utilisaient. Très lourde, la lame de cette hache était assez imposante pour pouvoir produire des ravages.
Seul bémol, étant trop lourde et pas assez équilibrée, elle offrait moins de précision.
Ces haches possèdent une lame aux dimensions disproportionnées. De la partie fixée sur le manche vers le bout de la lame, on observe une augmentation de la largeur. Cette architecture était spécialement adaptée au contexte de guerre car le but était de faire tomber l’ennemi. Elles ont par la suite été adoptées par plusieurs peuples en Europe dont les Teutons, les Goths, ou encore les Lombards.
Elle est utilisée dans les armées d’Europe de la fin du Moyen Âge (XIVe siècle/XVe siècle).
L’utilisation de la hache de nos jours
Aujourd’hui, on a enterré la hache de guerre pour laisser place à une toute autre utilisation de celle-ci. Utilisée pour le travail du bois, elle est une allié pour couper ou fendre le bois par les charpentiers, menuisiers et bûcherons. Nettement plus légères, elles pèsent généralement entre 900 g et 1300 g, ce qui leur permet d’être maniables par un grand nombre de personnes.
Le lancée de hache est également devenu un sport reconnu. L’objectif est de lancer la hache pour qu’elle arrive au centre de la cible, tout comme un jeu de fléchette. Le joueur est placé à une certaine distance qui varie en fonction des organisations et concours de la cible en bois situé en face de lui. Pour le lancer deux options s’offrent à vous, vous pouvez lancer la hache d’une main ou de deux. Ce sport demande précision et rigueur pour réussir à viser le centre de la cible en bois.
Une fédération internationale de lancer de hache (L’IATF) à été créer en 2006 afin d’encadrer cette discipline. Chaque année la fédération accueille les plus grands championnats.