Construction de maisons en rondins bruts

Qu’est-ce que le métier de fustier ?

Connaissez-vous le métier de fustier ? Découvrez le portrait de Jean-Charles Chatelus, fustier de métier, qui explique en quoi consiste le travail d'un fustier.

Aujourd’hui, nous vous présentons Jean-Charles Chatelus, fustier de métier, il nous explique en quoi consiste le travail d’un fustier et l’art de travailler le bois. Il nous évoque sa formation, ses réalisations de structures en bois et il nous donne ses conseils pour ceux qui souhaiteraient se lancer dans ce métier.

L’interview de Jean-Charles Chatelus, artisan fustier

Jean-Charles est un homme de 41 ans, passionné par la nature. Il débute sa carrière en tant que juriste en droit de l’environnement, cependant, passé quelques années, ce métier ne lui convient plus et il décide de se réorienter. Déjà sensibilisé par le respect de la nature et de sa préservation, ce n’est qu’au cours d’un déménagement en Allemagne qu’il décide de passer le cap et de changer de vie.

Le déclic ? Il l’a après avoir regardé le film « Le dernier trappeur » de Nicolas Vanier paru en 2004. Pour résumer brièvement l’histoire du film : le personnage principal vit en totale harmonie avec la nature et décide de construire sa cabane (une fuste), au cœur de la nature, dans le but d’y vivre. Depuis ce jour, Jean-Charles s’est réorienté pour devenir fustier et vie aujourd’hui de sa passion. Nous avons eu la chance de l’interviewer pour nous partager son quotidien.

Jean-Charles Chatelus artisan charpentier fustier

Qu’est-ce qu’un fustier et quelles sont ses tâches ?

« Mon rôle en tant que fustier est de sélectionner le bois en fonction de différents critères bien précis comme : la lune, la saison, la rectitude de l’arbre ou encore le diamètre du bois. Le bois provient des forêts aux alentours, puisque l’idée est de travailler en circuit court.

Une fois ma sélection faite et après avoir reçu les rondins à l’atelier, je peux passer à l’action. Tout d’abord, j’applique la technique du nettoyage à haute pression. Cette technique consiste à enlever l’écorce du bois sans abîmer la matière et de préserver le cambium. Pour faire simple, le cambium est la peau du bois qui sert à protéger naturellement le bois d’éventuels insectes et d’attaques extérieures.

Une fois l’écorce enlevée et le nettoyage effectué, je passe à la taille, avec l’aide de mon équipe, nous commençons la construction de la fuste directement à l’atelier. Celle-ci sera construite entièrement puis démontée pour pouvoir la transporter jusqu’au lieu voulu. »

Qu’est-ce qu’une fuste ?

« Une fuste, c’est une maison écologique construite à base de rondins de bois superposés et entrecroisés, le but est de travailler le bois en le gardant le plus brut possible. »

Les fustes sont essentiellement présentes en campagne. Elles sont acceptées plus facilement dans certaines régions comme le Jura ou encore les Pyrénées orientales mais on en trouve en petit nombre un peu partout. Dans les zones citadines, le processus est plus compliqué car les permis de construction sont parfois difficiles à obtenir en raison d’une certaine réticence des collectivités, qui trouvent que les fustes ne sont pas adaptées aux paysages urbains et estime que de telles habitations font « tâches ».

Construction de maisons en rondins bruts

Quelle a été ta formation pour devenir fustier ?

« J’ai commencé ma formation en Allemagne, j’ai ensuite passé mon CAP charpentier en France à la MFR de Montbrison. Et on va pas se mentir ça n’a pas été simple ! Plus intellectuel que manuel, la tenue d’une tronçonneuse n’a pas été naturelle tout de suite. Il m’a fallu environ 1 mois pour bien tailler un rondin. Mais avec beaucoup de persévérance et de patience j’ai réussi à décrocher mon CAP charpentier.

Aujourd’hui, j’ai ma propre entreprise basée dans le Massif Central et j’ai actuellement deux indépendants qui travaillent avec moi. J’ai également pris sous mon aile un jeune qui est aspirant Compagnon du devoir charpentier. L’objectif pour l’avenir est de créer une coopérative qui permettrait à chacun de gérer ses propres chantiers« .

Pourquoi avoir choisi ce métier en particulier ?

Artisans fustiers charpentiers

« La passion du bois, les sensations qu’il me procure au toucher sont inexplicables. J’ai vraiment l’impression qu’un lien particulier s’est établi entre moi et la nature, un peu comme une relation fusionnelle. Et puis, c’est un réel plaisir de travailler dans la nature, au gré des saisons.

Quoi de mieux que de respirer l’air frais tous les jours dans un environnement naturel ? À part le fait de travailler en extérieur, je dirais que l’amour du bois l’emporte sur tout. J’affectionne particulièrement ce matériau et je ne changerais de métier pour rien au monde. »

Y a-t-il un entretien spécifique à apporter à la fuste après sa construction ?

« Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’y a pas plus d’efforts à fournir que pour un autre type d’habitat. Il faut simplement prendre conscience que le bois est une matière naturelle qui est amenée à évoluer dans le temps.

Au cours des trois premières années, le bois se tasse de 6%. Ce phénomène est bien évidemment pris en compte durant la construction. Pour la suite, il suffit simplement de passer deux à trois fois par an un coup de nettoyeur haute pression sur la fuste. Le peu d’entretien est dû au cambium de l’arbre qui est l’équivalent de notre peau, il joue un rôle protecteur contre les différentes menaces qui pourraient nuire au bien-être de la fuste. »

Création en bois rond sculpté

Fustier, un métier d’avenir ?

« Aujourd’hui la fédération compte une quinzaine d’entreprises en France. Bien que la profession ne soit pas des plus connues, on perçoit un certain engouement en ce moment et le métier est de plus en plus médiatisé. Il y a notamment eu une série sur RMC découverte, c’est un bon point, cela fera peut-être naître des vocations, notamment pour ceux qui travaillent dans l’ossature bois. J’essaye moi-même de partager des photos de mes chantiers et de mon quotidien pour faire connaître ce métier au plus grand nombre.

Instagram de Jean-Charles

Et pour finir, un conseil à donner pour un jeune qui souhaiterait se lancer dans ce métier ?

« Forcément il faut être passionné par le bois et aimer travailler en extérieur. Il faut être déterminé et ne pas se décourager au premier obstacle. Avec de la persévérance, une certaine patience et beaucoup de minutie, c’est possible, et cela vous mène vers un superbe métier. En tout cas, ça a été le cas pour moi. »

Cette interview prend fin ici, en espérant qu’elle vous aura permis de découvrir un métier ou d’en apprendre un peu plus sur celui-ci. N’hésitez pas à partager cet article autour de vous pour populariser ce métier et pourquoi pas aider des jeunes ou moins jeunes à trouver leurs voies.

Nous espérons que l’interview de Jean-Charles, fustier de métier vous aura permis d’en apprendre davantage sur son métier. Nous remercions Jean-Charles pour sa gentillesse et le temps qu’il nous a accordé. Si vous avez envie de suivre les aventures de Jean-Charles vous pouvez le retrouver sur sa page Instagram et son site internet.

Site internet de Jean-Charles : Tout en rondins l’artisan fustier

Si vous aussi vous souhaitez nous partager votre passion, n’hésitez pas à me contacter : Jade – contact@lesbellesvertus.com

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